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Un peu d'histoire sur le Quartier Dunois

20 Août 2017, 21:17pm

Publié par Association Sceve

L’histoire

Le quartier Dunois se situe au-delà des fortifications d’Orléans. Leur démantèlement au 19ème siècle va permettre d’aménager des boulevards bordés d’arbres et des jardins. Les murs et les tours se trouvaient à l’emplacement du Boulevard Rocheplatte. L’aménagement du quartier commence après 1875. . L’association Sceve a procédé à un relevé des plaques ou inscriptions qui illustrent cette histoire.

Aux origines, prés, vignes et vergers

Jusqu’à la guerre de 1870, les constructions se concentrent principalement le long des rues des faubourgs Bannier et Saint Jean. Un réseau de rues et de chemins permet d’atteindre prés, vignes, jardins et vergers des Clos de la Boêche, Champ requiem ou Vopulents (ce nom évoque une « riche et opulente vallée) ; certaines voies existent encore comme la rue des Hauts champs.

L’arrivée du train à Orléans en 1843 et la construction de nouvelles casernes après la défaite de 1870 entraînent la création de voies nouvelles et de la Place Dunois. La place devient un centre à partir duquel rayonnent plusieurs voies. A cette époque, la rue de Loigny va jusqu’au Boulevard Rocheplatte. La sinuosité de certaines voies (ex : rue Guillaume de Lorris) s’explique par la conservation du tracé des anciens chemins ruraux.

Entre 1880 et 1910, le quartier attire une population liée au développement des chemins de fer, de l’enseignement et de l’armée. Au recensement de 1911, les militaires, hauts fonctionnaires et cadres supérieurs représentent plus d’un chef de ménage sur quatre tandis que les artisans, journaliers et ouvriers  constituent plus de 14 % des ménages recensés. Pour satisfaire la demande, des hôtels particuliers, des maisons individuelles, des immeubles de rapport et des lotissements ont été construits le long des voies nouvelles. Les élites se soucient aussi d’offrir de meilleures conditions de vie aux ménages ouvriers.

Le projet de la Société Immobilière d’Orléans est le plus visible de ces programmes avec La Cité des fleurs. Il donne naissance à la rue de l’Immobilière et à la place Colas des Francs réalisés en 1882-1883. La place porte le nom de celui qui fût le président de cet organisme et un maire d’Orléans.

Le gabarit des immeubles et l’usage de la pierre de taille et de la brique contribuent au caractère homogène de certaines rues. Des façades présentent des ornementations variées avec des motifs inspirés du Moyen-Age et de la Renaissance (immeubles rue de Chanzy et rue Xaintrailles). Vers 1900, apparaissent des décorations Art nouveau (villa Amélie avenue de Paris) et plus tard Art déco (53 rue de Patay).

De nombreuses maisons ont conservé des briques vernissées, des carreaux décorés ou des mosaïques. Au 25 rue Serenne se trouvaient la maison et l’atelier du mosaïste Fabris. La maison a conservé les mosaïques avec des motifs floraux et on peut encore voir la mosaïque qui signalait l’atelier sur la rue.

Le sous-sol du quartier recèle de nombreuses cavités. Il peut s’agir d‘anciennes caves parfois aménagées sur plusieurs niveaux ou de carrières de pierres héritées des différentes époques de construction. Des cavités ont été inventoriées mais des effondrements ou des sondages avant travaux permettent encore d’en découvrir. Les découvertes les plus récentes se situent dans le secteur des rues Serenne et Lahire.

De nombreux établissements militaires

La caserne Coligny construite entre 1876 et 1881 (date figurant sur l’horloge du bâtiment face à l’entrée) a accueilli le 131ème Régiment d’Infanterie (monument dans la cour). Marcel Proust (plaque au 92 rue du Fbg Bannier) et Charles Péguy y ont effectué une période militaire. La construction du quartier Sonis (Bd de Châteaudun) s’achève en 1914 ; il accueillera le 2ème Hussards. Le magasin aux fourrages se situe rue de Patay et le parc au matériel d’artillerie rue du Parc (le long de la voie ferrée Orléans-Tours).

 

Manufactures et négoces

Le plan d’Orléans de 1896 permet de localiser plusieurs établissements industriels dans le quartier. Deux vinaigreries sont liées à une activité orléanaise encore vivante. On trouve aussi un fabricant de couvertures, une activité de construction de machines agricoles et un établissement de travail du métal pour le production de serres ou de kiosques à musique.

Tous ces établissements ont disparu. Leur emplacement accueille maintenant des immeubles ou, rue de Coulmiers, le Collège Dunois.

 Transport et communication

La première gare d’Orléans, construite en 1843, est tournée vers l’ouest et débouche sur un chemin qui deviendra la rue de la gare. On l’appelle « l’embarcadère ». Entre 1876 et 1880, une nouvelle gare est construite avec une charpente en fer et en fonte. Pour faciliter son accès, la Rue de la République est percée entre 1894 et 1902. La gare se tourne vers le sud et un square et une fontaine agrémentent la place bordée par le mail. La fontaine existe toujours ; elle a été déplacée à l’est vers le mail du Bd Alexandre Martin.

Dans le passé, la rue du Fbg Bannier était empruntée par une ligne de tramway urbain, la ligne n°1 créée en 1877 et exploitée par la Compagnie Générale Française de Tramways. Des voitures tirées par des chevaux empruntaient cet axe nord-sud qui passait par la Place du Martroi. En 1899, les voitures sont électrifiées. De couleur vert foncé, elles seront repeintes en blanc. En raison des difficultés financières de la compagnie, la décision sera prise en 1938 de supprimer tous les tramways et de les remplacer par des autobus.

Il existait un second réseau de tramways. Ce réseau départemental, composé de deux lignes,  est organisé à partir de 1890. Les deux réseaux de tram se croisaient Place Gambetta. Les tramways du Loir-et-Cher vont d’Orléans à Vendôme par Ouzouer-le-Marché. Bien qu’appelé tram, les convois s’apparentent à des trains et convoient passagers et marchandises. Le service est interrompu en 1936. Le réseau de transport par autobus est réorganisé après la guerre et se met en place en 1952.

Le tram refait son apparition dans le quartier en 2000 avec la création de la ligne A qui emprunte l’avenue de Paris et la rue de la gare.

Des lieux de culture

A l’Alhambra, de 1912 à 1933, le public pouvait aller à des spectacles de music-hall et à des projections cinématographiques. La salle organisait également des concerts, des conférences et des galas. L’immeuble, situé au 31 Bd Rocheplatte, comportait une entrée monumentale encadrée de deux tours dans le style mauresque. Un cinéma a subsisté sur le site jusque dans les années 1980.

Une autre salle se situait rue de la gare. Le Casino a laissé place successivement à l’Apollo théâtre puis au Cinéma ABC maintenant disparu.

Les constructions au 20ème siècle

La reconstruction à la fin de la 2ème guerre mondiale concerne surtout le quartier proche des voies ferrées et la rue du Fbg Bannier. A la place de l’Hôtel Saint-Aignan détruit par les bombardements de 1944, un immeuble d’une dizaine d’étages est construit à l’entrée du faubourg Bannier et le Pont Québec remplace l’ancien pont.

Le site de la gare connaît plusieurs transformations jusqu’en 2008. Une nouvelle gare en aluminium, béton et verre est inaugurée en 1965. Le bâtiment se trouvera intégré dans l’aménagement du Centre commercial Place d’Arc. Dans les années 2000, on envisage de reconstruire la gare. Le hall des voyageurs est inauguré le 18 janvier 2008. La double nef surmontée d’une verrière s’ouvre sur l’avenue de Paris. Une liaison est aménagée vers la ligne A du tram et vers la gare des autobus urbains. La gare est devenue un pôle multimodal pour les transports de voyageurs.

Le long de l’avenue de Paris inaugurée en 1956 et du mail, les maisons basses disparaissent. Cette forme d’urbanisation s’arrête au boulevard de Châteaudun qui borde un important secteur de venelles. C’est le quartier « piétonnier » du quartier.

La transformation de la place Gambetta se poursuit : disparition du square entourant la fontaine et construction de la médiathèque (1994) à la place de l’Hôtel de police.

A une date que nous n’avons pas retrouvée, le Bd Rocheplatte est élargi en raison du trafic circulant sur la RN20. Une habitante du quartier nous a raconté que les grilles qui entouraient le parc ont été supprimées à cette époque.

L’Armée américaine quitte la caserne Coligny en 1967 et la Cité Administrative s’y installe. Le site de la caserne Sonis est acheté par la Ville en 2004 et voit la construction de logements autour de l’ancienne Place d’armes. Avec l’arrivée du tram dans les années 2000, des bureaux et des logements sont construits sur l’îlot de la Râpe dans le cadre de la ZAC Coligny.

Des hommes de culture

La rue Antigna part de la rue du Fbg Bannier. Jean Pierre Alexandre Antigna (1817-1878) est né au numéro 35 de la rue du Fbg bannier. Le Musée d’Orléans possède dans ses collections la toile « L’incendie » peinte entre 1850 et 1851.

Dans la rue du parc, une plaque signale au numéro 19 la maison dans laquelle est né Jean Zay (1904-1944).

Dunois, un quartier attrayant

Proche du centre-ville, la Place Dunois semble être une place de village avec ses commerces, son marché et son aire de jeux. Le quartier Dunois conserve une présence végétale importante liée à l’existence de parcs et de nombreux jardins où sont conservés de grands arbres, tels les cèdres.

Des immeubles contribuent aussi à la végétalisation de la ville par l’aménagement de micro espaces verts en bordure de trottoirs. Ces mini-jardins rompent l’alignement ancien mais participent à la qualité du cadre de vie.

La Mairie a fait planter de nombreux arbres d’alignement et à renouveler les plantations bordant le Bd de Châteaudun. Les habitants contribuent à l’embellissement du quartier par les arbustes qui dépassent des clôtures et en végétalisant en pied de mur leur maison.

 

En conclusion

Vous pouvez retrouver d’autres indices sur l’histoire du quartier Dunois. Dans le dépliant Circuit découverte des arbres que prépare l’association vous trouverez leur repérage sur un plan.

Vous pouvez aussi nous transmettre des photos ou des indices que vous avez repérés. Avec votre accord, nous pourrons les faire figurer sur le blog.

Vous trouverez plus d’informations sur  le site des Archives municipales d’Orléans Métropole. Pour l’architecture, consultez la brochure « Focus Orléans Architecture 20e-21e siècle » disponible à l’adresse www.orleans-metropole.fr rubrique Ville d'art et d'histoire. La lecture « Orléans, 3 aménagements urbains à la fin du 19e siècle » nous a beaucoup appris sur le quartier ainsi que la consultation du site « Orléans, hier et aujourd’hui ».

 

Rédaction Jean-Louis Charleux – 16 août 2017

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