Le parc Anjorrant : 7 000 m2 de nature en ville
Cet article poursuit la présentation du Sanitas, espace situé dans le quartier Madeleine entre le faubourg Madeleine et la Loire.
L’article précédent a rappelé une histoire des lieux : des activités remontent au Moyen-Âge alors que le Sanitas est « hors les murs » et l’activité des potiers s’y est développée au 19ème siècle en exploitant de l’argile extraite localement. En 1860 l’institut du bon Pasteur, créé par Mère Marie-Antoinette Anjorrant (1797 Bourges – 1873 Orléans) s’installe dans l’ancien hôpital Saint Louis.
Les évolutions récentes ont permis la création du parc Anjorrant sur les terrains utilisés par l’institut et maintenant l’aménagement du Parc Madeleine.
Sur une superficie de 4 ha environ, le projet de Parc Madeleine intègre le parc Peteau et le parc Anjorrant dans un espace qui offrira trois « ambiances » : un parc familial avec des jeux d’enfants, un espace boisé et un parc plus naturel.
Vous pourrez trouver un plan de l’ensemble en cliquant sur
https://www.orleans-metropole.fr/actualites/detail/parc-urbain-madeleine
Notre article s’intéresse au parc Anjorrant qui nous paraît d’un grand intérêt pour symboliser la présence de la nature en ville. Il s’intègre aussi dans un corridor écologique qui relie la Loire à la Forêt d’Orléans.
Il semblerait que les origines du parc soient très anciennes ; d’après le livre de Anne-Marie Royer-Pantin (Orléans Le temps des jardins – édition Hesse 2005), il y avait déjà un jardin qui dépendait du Grand Sanitas dès la fin du 16ème siècle.
Le parc est bordé par la rue du Baron autrefois nommée rue de l’Écorcherie en raison de l’activité des bouchers qui avaient le droit d’y abattre leurs animaux avant la construction des abattoirs boulevard des princes (boulevard Rocheplatte) en 1819 puis rue du faubourg Madeleine en 1913. La rue est renommée en 1867 en s’inspirant du nom de l’ancienne propriété du Baron face à laquelle elle aboutissait. Cette propriété s’étendait de la rue des Maltotiers jusqu’à la rue des Beaumonts. Elle devait son nom à l’ancien prieur de Saint Laurent des orgerils qui portait le titre nobiliaire de baron.
La ville acquiert en 1998 une parcelle de l’institut du Bon Pasteur, ouvert en 1860 par Mère Marie-Antoinette Anjorrant (1797 Bourges – 1873 Orléans). Elle l’aménagera en l’actuel parc Anjorrant.
La ville a offert le parc Anjorrant aux orléanais en l’ouvrant sur la rue du baron, et par ces aménagements, en créant de nouveaux cheminements qui serpentent entre les arbres. Des alignements de Charmes bordent les deux allées anciennes et convergent vers une gloriette en treillage. Il en ressort une ambiance de calme et de sérénité, propice au repos, à la méditation et à l’observation de la nature environnante.
les arbres et arbustes dans le parc
Sur une superficie supérieure à 7 000 m2, le visiteur trouve une ambiance de bois et de sous-bois, originale pour les parcs orléanais. Vous pourrez parcourir le parc en marchant sur le sol stabilisé des allées ou en parcourant les sentes tracées par les visiteurs (voir plan). Les allées en croix existaient au temps de l’Institut du bon pasteur.
Dans le parc sans traitement pesticide, vous découvrirez plus de 200 arbres et arbustes, d’essences locales ou exotiques. Ils présentent plusieurs strates de végétation qui s’étagent jusqu’à une vingtaine de mètres et constituent une belle frondaison parfois affaiblie par l’âge des arbres. Vous ne trouverez dans ce parc ni cèdre, ni platane ni séquoia ce qui contribue aussi à son originalité. Il y a très peu de conifères, uniquement des ifs.
Nous ne connaissons pas l’âge des arbres mais nous savons qu’à l’époque de l’Institut du bon secours l’espace entre les allées était dégagé. Des plantations ont eu lieu au moment du réaménagement du parc en 2003-2004.
Il y eut des plantations de Bouleaux, de Houx, de l’Arbre de fer et du Chêne Daimyo. C’est à cette époque que l’Arbre aux pochettes (Davidia involucrata) a été planté dans le parc.
Les ifs et les arbustes à feuilles persistantes comme les lauriers permettent au parc d’avoir une présence permanente de feuillages à l’aspect très changeant selon les saisons. Vous noterez certainement la lumière très sombre de l’espace où dominent les ifs.
Quatre essences composent la majorité des arbres du parc : les Charmes, les Érables, les Marronniers d’Inde et les Ifs. Nous avons trouvé deux essences « rares » à Orléans : le Chêne Daimyo (Quercus dentata) et l’Arbre de fer de Perse (Parrotia persica).
Nous attendons la floraison ainsi que le changement de couleur des feuilles en automne pour confirmer la présence de l’Hamamélis de Virginie. Ne cherchez plus l’Arbre à mouchoirs ou Arbre à pochettes (Davidia involucrata). Suite à nos recherches, nous avons constaté sa disparition. Mais vous pouvez encore observer cet arbre dans le jardin de l’Hôtel Groslot et le Parc Pasteur.
Parmi les arbres de taille supérieure à 20 mètres, vous trouverez des Frênes, des Érables et des Marronniers d’Inde. Il s’agit du Marronnier à fleurs blanches sensible aux attaques de la chenille d’un papillon appelée Mineuse du marronnier.
Parmi les arbres d’une hauteur inférieure, vous trouverez les Charmes taillés pour former un alignement le long des allées anciennes. Vous verrez également différents Prunus sous les grands arbres. En août, les prunes du Prunier mirobolant du parc arrivent à maturité.
Sous cet étage, poussent des arbustes comme le Noisetier, le Sureau, le Houx et le Fragon-petit houx, le Sorbier des oiseleurs, le Fusain, différents lauriers et les Viornes. Enfin à l’étage inférieur, se trouvent aubépines, groseilliers et ronces particulièrement le long du mur de la rue du Baron. Leurs baies sont appréciées par certains oiseaux.
Les orties poussent dans la partie sud du parc, là où vous verrez un vrai fouillis végétal lié à l’installation spontanée des végétaux et à des repousses d’arbres et d’arbustes. L’ortie est une plante intéressante car elle est l’hôte de plusieurs papillons comme le Vulcain, le Paon du jour et Robert le diable. Ces papillons pondent leurs œufs sur l’ortie et pour certains l’ortie est la seule plante sur laquelle ils le feront.
Le lierre couvre le sol ou grimpe sur le tronc des arbres. En début d’année, les Nivéoles de printemps percent la couche des feuilles mortes ; elles ressemblent aux Perce-Neige mais elles ont une tige plus haute qui permet de les distinguer. Fleurissent ensuite les jacinthes mauves et d’autres fleurs comme la Belle d’onze heures (Ornithogale en ombelle). Vous trouverez également cette curieuse floraison en forme de massue de l’Arum d’Italie entre avril et mai et à l’automne les Cyclamens de Naples et les Colchiques. Vos observations vous permettront de voir le Géranium sauvage (Geranium maculatum) avec ses petites fleurs mauves qui est une plante vivace que l’on voit fréquemment dans nos jardins.
rédaction Jean-Louis Charleux et Jean-Albert Misseri
association Le Sanitas et Sceve
30 août 2022