Bientôt, une prairie mellifère et nectarifère rue de Patay
La ville d’Orléans va financer la réalisation d’une prairie fleurie à l’angle des rues Patay et Lahire via son Budget participatif. Le projet a été présenté par l’association Sceve dans le but de protéger et d’enrichir la biodiversité dans le quartier Dunois. Les travaux d’aménagement ont débuté le 26 septembre.
Composition d’une prairie fleurie
Une prairie fleurie permet de créer un espace d’intérêt pour les insectes pollinisateurs ; elle peut être aussi conçue pour nourrir et abriter les papillons qui se nourrissent principalement du nectar des fleurs. Elle est composée d’un mélange de fleurs très diversifié avec parfois des graminées. L’abeille domestique et des pollinisateurs sauvages (syrphes, bourdons, abeilles sauvages et papillons) viendront y chercher leur nourriture ; des fleurs riches en nectar intéresseront les papillon. Sa floraison doit être étalée car les papillons peuvent être observés de la fin de l’hiver jusqu’à la fin de l’automne. Elle sera plus attractive si elle est composée d’espèces locales ou indigènes car les papillons pourront trouver ce qu’on appelle leur plante hôte, celle sur laquelle les femelles pondront leurs œufs et les chenilles pourront se nourrir avant de se transformer en papillon.
Il existe de nombreux mélanges de graines pour la réalisation des prairies fleuries. On peut notamment mélanger plantes annuelles et plantes vivaces et jouer sur les hauteurs et les couleurs. Des plantes aromatiques comme la lavande ou le romarin peuvent accompagner ces compositions. Si la surface disponible est suffisamment importante, des arbustes, une haie ou des arbres pourront être plantés.
Comme au jardin, le projet doit prendre en considération le sol et la rusticité des plantes choisies. On évitera des plantes sensibles à certains parasites ou inadaptées à la sécheresse par exemple.
Pourquoi une prairie fleurie ?
Depuis 2010, Sceve observe les oiseaux et les insectes présents dans le quartier Dunois. Nous avons constaté qu’une présence importante d’arbres, de jardins et de potagers a permis à la biodiversité de se maintenir. Toutefois, les observations faites dans les venelles sont plus riches que celles faites dans le reste du quartier. En même temps, oiseaux et insectes se nourrissent en fonction des opportunités : le Geai des chênes n’hésite pas à passer des Groues à Sonis puis à venir dans un jardin (rue de Lahire, rue du Mal Foch) pour chercher des glands ou des graines de tournesol au mois de janvier. Chez les insectes, l’abeille domestique exploite un large espace pour son alimentation puisque les abeilles peuvent aller butiner jusqu’à deux kilomètres de la ruche.
La signature par la ville d’Orléans de la Charte 0 pesticide a permis d’éliminer l’utilisation de produits toxiques dans l’espace public et une sensibilisation des Orléanais a été faite dans le cadre de cet engagement. Sceve a relayé ces informations et s’est engagée en faveur d’un jardinage au naturel en éditant en 2015 le dépliant La nature au jardin.
Le dépliant invite le jardinier à « cultiver la biodiversité » en mettant quelques conseils en pratique.
Le jardinier peur reproduire des milieux naturels indispensables à la survie des espèces sauvages. Un vieil arbre, un tas de bois, une mare favoriseront l’installation des espèces qui participent à l’équilibre général du jardin. Au pied d’un mur, un espace peu entretenu, des graminées ou des orties attireront des papillons, insectes pollinisateurs.
Malheureusement, les inventaires nationaux montrent que la biodiversité s’appauvrit et que des espèces disparaissent ou se raréfient. La revue La vie du jardin et des jardiniers dans son numéro de janvier-février 2017 posait la question : Faut-il nourrir les papillons ? Les apiculteurs sont confrontés également au problème de disponibilité de nectars pour nourrir les abeilles.
L’auteur remarquait que la diminution des populations d’insectes pollinisateurs entrainerait une diminution des récoltes et un appauvrissement de la flore. Nous aurons aussi plus de difficultés à observer des papillons ce qui nous privera d’une possibilité d’admirer des beautés offertes par la nature.
La nature en ville satisfait aussi de nombreuses attentes des citadins qui peuvent ainsi conserver un lien avec la nature alors qu’ils s’en trouvent de plus en plus éloignés. De plus, l’accueil de la nature permet de concevoir des espaces publics moins artificiels et parfois moins exigeants en entretien et en arrosage.
La pelouse fleurie de la rue de Patay
Un micro-espace vert de 180 m2 environ a été réalisé après la construction des immeubles du Clos Dunois. Deux arbres et une haie complètent sa composition.
Les interventions prévues conserveront les arbres et la haie mais elles favoriseront leur participation au projet. Des plantes grimpantes comme le chèvrefeuille seront accrochées aux arbres et la haie existante sera renforcée par des plantations nouvelles et le remplacement des bambous, espèce sans intérêt pour la biodiversité locale.
Cet automne, le sol a été travaillé, ameubli et débarrassé des plantes vivaces qui se sont développées avec la pelouse. Le sol ainsi préparé a reçu un semis de graines de moutarde. La fauche de ce couvert végétal au printemps et son enfouissement apporteront de la matière organique dans le sol avant le semis.
Au printemps, deux mélanges de graines seront semés après la pratique d’un « faux semis » qui permettra d’éliminer les plantes indésirables. Les mélanges choisis proviendront d’une entreprise angevine attentive à la fourniture de plantes autochtones produites localement. Ils apporteront une grande diversité de couleurs et de formes.
Un premier mélange se compose de 17 variétés dont 7 vivaces et 3 bisannuelles qui fourniront refuge et alimentation aux insectes pollinisateurs. On y trouve notamment la Phacélie à feuilles de tanaisie (Phacelia tanacetifolia) réputée pour ses qualités de plante mellifère, le Petit trèfle jaune et une plante herbacée, le Lotier corniculé. Les plantes atteindront une hauteur moyenne de 70 à 80 cm et fleuriront d’avril à début juillet ou de juin aux premières gelées.
Le second mélange a été conçu pour attirer les lépidoptères sous leur forme adulte, les papillons, ou au stade chenille. Composé de 23 variétés dont 7 vivaces et 3 bisannuelles, les plantes qui le composent auront une hauteur moyenne de 80 à 100 cm. Les chenilles du Machaon trouveront une plante hôte comme l’aneth odorant que l’on appelle aussi fenouil bâtard ou faux anis et le cerfeuil commun, deux plantes de la famille des ombellifères. Pour augmenter la qualité esthétique de la pelouse, il sera semé en arrière du premier mélange.
Un espace a été aménagé pour accueillir des insectes en leur permettant de trouver un abri pendant l’hiver. Il n’aura pas la forme d’un hôtel à insectes mais sera simplement constitué de rondins empilés, de quelques briques et d’un fagot.
Un panneau explicatif est prévu sur le site pour faciliter la compréhension du projet et l’observation des insectes. La pelouse fleurie pourra être utilisée pour des rencontres de découverte de la nature et servir de point de départ pour une découverte des arbres du quartier Dunois à l’aide du dépliant réalisé par l’association.
Pour Sceve, la pelouse rue de Patay ne constitue qu’une première réalisation. D’autres micro-espaces verts dans le quartier Dunois pourraient être transformés en pelouse fleurie.
rédaction Jean-Louis Charleux
15 octobre 2018