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Préparer les villes à la forte montée des canicules

5 Mai 2016, 18:49pm

Publié par Association Sceve

Préparer les villes à la forte montée des canicules

LES ELEMENTS QUI SUIVENT CONSTITUENT UNE SYNTHESE DE LA REUNION OUVERTE SCEVE DU 24 MARS 2016.

1 CONTEXTE

  • La forte montée des canicules est attestée par des travaux scientifiques convergents :
  • Deux fois plus de vagues de chaleur ces 30 dernières années que les 30 précédentes (Météo Nationale)
  • En 50 ans la moyenne des températures de nuit a augmenté 2 fois plus vite que celle de jour, une canicule étant caractérisée par de fortes valeurs jour et nuit (Journal of Climatology)
  • Quoi qu’on fasse maintenant pour agir sur les émissions de gaz à effet de serre, d’ici à 2040 des canicules comme celle de 2003 deviendront très communes (météo britannique : Met Office), d’ici à 2070 elles se produiront chaque année (Centre National de Recherche sur l’Environnement et le Développement : CIRED, lié au CNRS).
  • Si les émissions de gaz à effet de serre continuent à croître sur la trajectoire actuelle, à la fin du siècle on considèrera l’été 2003 comme extrêmement froid ! (Met Office)
  • Cette montée des canicules impacte particulièrement les agglomérations car elles regroupent la plus grande partie, toujours croissante, de la population et comportent des ilots de chaleur (le manque d’anticipation y a provoqué en 2003 la plupart des décès prématurés : 20000 en France /70000 en Europe).
  • Les mesures à prendre très à l’avance sont multiples et la réflexion n’est amorcée que dans très peu d’agglomérations, comme Strasbourg (évoquée dans le récent Colloque de l’Agence d’Urbanisme de l’AgglO) ou Toulouse (étude Acclimat : Adaptation au Changement Climatique de l’Agglomération Toulousaine) :
  • Face au risque de désertion de centres denses perçus comme des ilots de chaleur invivables (au détriment de l’objectif de réduction de l’étalement urbain) : il faut concevoir les zones d’immeubles comme des ilots de fraîcheur avec des conditions de vie analogues à celles des lotissements.
  • Face à la gabegie énergétique d’une généralisation anarchique du conditionnement d’air il faut des logements adaptés, développer des réseaux de distribution de froid ...
  • Face au risque pour la santé publique lié à l’accentuation de la pollution de l’air pendant les fortes chaleurs alors que les organismes sont affaiblis : il faut une action forte pour en réduire les sources.

1.L’objectif de la réunion ouverte de Sceve :

Faire le point sur ce qui est fait ou est à faire dans le contexte de l’agglomération orléanaise, à partir d’apports de la Ville : Mme Anton, Adjointe au développement Durable et de Lig’Air : Mr Yahyaoui, Responsable des études.

Comme on va le voir cette réunion a permis de clarifier la situation, les actions en cours et les orientations à prendre.

Les participants ont unanimement exprimé leur satisfaction et remerciements aux intervenants pour leurs apports et le véritable dialogue sur ce qui est à faire face à des perspectives climatiques très difficiles.

2 ELEMENTS ESSENTIELS QUI SONT RESSORTIS :

  • Il faut réduire les émissions de gaz à effet de serre pour agir sur la montée des températures (l’action de la Ville d’Orléans dans ce domaine est reconnue), créer des ilots de fraîcheur en utilisant l’eau et le végétal (pour son ombre mais aussi l’effet psychologique lors de fortes chaleurs) en évitant les essences allergisantes, intervenir sur les principales sources de pollution de l’air, ce qui conduit à revoir les pratiques agricoles : utilisation des engrais, des pesticides (Mr Vinçot signale que la Ville outre son action, très reconnue, pour améliorer ses pratiques et sensibiliser les habitants, dialogue avec les responsables agricoles) , le choix de la combustion de biomasse en zones urbaines, le trafic automobile dans celles-ci ....
  • Il ne faut plus dissocier les actions de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) de celles sur les émissions des polluants (PES : polluants à effets sanitaires) car des choix destinés à réduire les GES peuvent beaucoup augmenter la pollution de l’air (comme la combustion biomasse avec des moyens insuffisamment performants), et inversement.

Mais aussi des solutions permettent de gagner sur les deux tableaux : solaire, éolien, géothermie ... (outre la maitrise consommation énergétique !) : les aides (Ademe ....) aux dispositifs utilisant les énergies durables devraient naturellement, du point de vue de Sceve, être supérieures pour ces solutions

  • Une démarche intégrée et cohérente doit au contraire permettre de favoriser les synergies et maitriser les antagonismes sur le climat, la qualité de l’air et sur la santé et le confort de la population.
    L’élargissement de la réflexion pour agir au mieux concerne les décideurs à tous les niveaux, en particulier les élus des grandes agglomérations, qui doivent intervenir auprès de tous les acteurs.
  • L’approche globale doit aussi porter sur l’intérieur des habitations, sans se limiter à l’économie d’énergie : des logements très isolés mais sans ventilation en bon état de marche seront très défavorables en périodes de canicules, de plus se pose la problème de la pollution importante de l’air intérieur.
  • Pour que les choix puissent être éclairés, compris acceptés... il faut que les responsables nationaux et locaux assurent une information beaucoup plus complète des habitants, qui ne sont pas assez sensibles aux enjeux : illustré par exemple par le désir d’augmenter le nombre de parkings plutôt que d’arbres (concertation sur l’aménagement de la r de Patay) ou la préférence pour l’alignement de jeunes arbres identiques excluant la conservation de grands arbres anciens (pour l’esthétique, ne pas attirer des pigeons...) alors même que ceux-ci ne gênent pas des habitations (concertation sur le 3è tronçon du bd de Châteaudun / côté Centre Coligny).
  • De nouveaux outils mettent en exergue une approche intégrée, tel le Plan Climat Air Energie Territorial, mais cela ne suffit pas : il faut aussi une compréhension des enjeux / solutions et une véritable volonté d’optimiser les choix en prenant en compte la santé publique et le confort de vie des habitants.
    De manière plus générale les critères et performances d’impact des choix sur la santé publique et le confort des habitants devraient en particulier être bien explicités dans les documents d’urbanisme : SCOT, PLU ...
  • Il faut connaître l’impact réel des choix, outre les gains d’émissions de GES : par exemple, suite à la demande de Sceve, celui de la chaufferie biomasse des Groues a commencé à être mesuré en janvier par Lig’Air, qui envisage de l’étendre à d’autres dans le cadre de son plan de surveillance de la qualité de l’air de la Région.
  • A Orléans cette approche globale pour l’anticipation des canicules peut s’appuyer sur de forts atouts : l’ouverture de la Ville aux sujets environnementaux, son action en pointe dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre, les dispositions avancées qu’elle a prises pour la protection des arbres...

Sur ces bases, pour la suite, Sceve souhaite en particulier :

  • Implication forte de la Ville - AgglO sur l’évolution des pratiques agricoles : évoqué en particulier par Mr Vinçot, Adjoint à la biodiversité
  • Intégration de la question climatique/environnementale dans les décisions d’ajouts-suppression d’arbres en ville : élargissement du processus de décision
  • Fluidification de la circulation : continuité des zones 30
  • Réduction du transit en zone urbaine, en premier lieu sur RD2020 / mails : contournements / détournements ...
  • Facilitation / incitation à l’usage du vélo (il reste à voir sur quoi se fonde l’affirmation qu’Orléans serait « la seconde ville de France » dans ce domaine)

    3. CONCLUSION :

Consensus sur la démarche globale et d’anticipation à développer, le sentiment que chacun dans son rôle, Ville, Lig’Air et habitants sensibilisés, voient l’utilité de partager les informations, analyses et réflexions pour agir conjointement sur les émissions de gaz à effet de serre, les sources locales de pollution et l’urbanisme, dans la perspective de températures fréquemment très élevées.

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