Rue du Faubourg Bannier, 16 août 1944
Après les textes liés aux fêtes johanniques puis aux bombardements de 1944, l’actualité nous invite à parler de la libération d’Orléans par les troupes américaines qui ont emprunté la rue du faubourg Bannier.
les 16 août 2024, les Orléanais ont commémoré leur libération par les Américains en 1944 (photos Sceve JLC)
Le quartier Dunois 16 août 1944
La rue du faubourg Bannier ou la rue des libérateurs
Le groupe Histoire et patrimoine de l’association Sceve poursuit la publication des extraits des 10 cahiers qu’elle a produit en 2024 après deux années de recherche sur les composantes historiques, économiques et architecturales de ce quartier situé entre la gare et le faubourg Saint Jean.
Après les textes liés aux fêtes johanniques puis aux bombardements de 1944, l’actualité nous invite à parler de la libération d’Orléans par les troupes américaines qui ont emprunté la rue du faubourg Bannier.
L’arrivée des Américains
Les mois de mai, juin et juillet ont été angoissants pour les habitants du quartier dont les habitations sont détruites par plusieurs bombardements. Même si une partie des Orléanais ont quitté la ville suite aux bombardements du mois de mai, les destructions entrainent leur lot de deuils et de misère.
Ils sont également éprouvants pour les services de secours et les nombreux volontaires qui interviennent pour dégager les victimes des décombres. Dans le livre « Un jardin pour mémoire », Jacques Lacarrière, qui n’a pas 20 ans, évoque la découverte des cadavres dans les caves des maisons effondrées et l’émoi que provoque chez le jeune homme, ici, la découverte des cadavres d’un couple enlacé, ailleurs, une famille complète tuée par les explosions.
Le dernier bombardement du 14 août provoque de nombreux incendies en ville. Jacques Lacarrière raconte sa découverte au petit matin des tracts, rédigés en français et en anglais, lancés depuis les avions. Leur texte annonce une arrivée prochaine des Américains avec, en résumé, le texte suivant « Courage ! C’est le dernier bombardement. Courage ! Nous arrivons. »
Puis, il remarque des tracts d’une autre couleur sur le sol. Le texte est un poème rédigé en français, intitulé LIBERTÉ signé ? Paul Éluard.
Dans un article précédent, nous avons présenté des photos de la caserne Coligny en ruines. La photo des soldats américains progressant dans le faubourg Bannier montre aussi la destruction de la chaussée.
Sur la première photo, les soldats américains se trouvent à hauteur du garage Renault situé au n° 49 de la rue. Si les chars avancent sans rencontrer d’obstacles, on distingue localement des pavés descellés.
Sur la seconde photo, les soldats ne peuvent pas progresser par le trottoir. Une tranchée de faible profondeur a été creusée en bordure de voirie. S’agit-il de travaux sur un réseau ? On peut y penser car des plaques ont été installées pour faciliter l’accès aux portes des immeubles.
Arrivée de l’armée américaine, rue du fg Bannier, 16 août 1944, Archives Municipales d’Orléans – 3 Fi 2266 – auteur Magneron
Arrivée de l’armée américaine, rue du fg Bannier, 16 août 1944, Archives Municipales d’Orléans 3 Fi 2267 – auteur Magneron
L’arrivée Place Gambetta
Pour éviter les défenses établies par les Allemands dans les faubourgs ouest, l’armée américaine emprunte la rue du fg Bannier. Selon Jacques Lacarrière, les premiers chars arrivent vers 10 heures Place Gambetta. Notons que d’autres sources indiquent le début de l’après-midi comme heure d’arrivée des Américains place Gambetta. Des échanges de tir ont lieu à proximité de la place Dunois quand des soldats allemands en moto veulent s’engager dans la rue.
Comme on le voit sur la photo qui suit, si les immeubles à l’entrée de la rue du fg Bannier ont été endommagés, le centre de la place n’a pas changé : les arbres ombragent le jardin central et la fontaine semble intact. Jacques Lacarrière assiste à des échanges de tir dans un court combat qui s’engage lorsqu’un char américain débouche sur la place : « un char américain débouche du fg Bannier et s’apprête à traverser la place lorsqu’il est touché par les tirs d’une automitrailleuse allemande embusquée le long du bd Rocheplatte. Le char tire sur elle et l’automitrailleuse prend feu aussitôt.
Autoblindée allemande incendiée en voulant forcer le passage de la place Gambetta – 16 août 1944 Archives Municipales d’Orléans- 3Fi 2798, Auteur : docteur Jean Falaize
Les soldats américains poursuivent leur progression par la rue de la Bretonnerie avant d’atteindre l’Hôtel de ville.
En se retirant du quartier Dunois, les Allemands mettent le feu au parc au fourrage, situé rue de Coulmiers près de la Place Dunois. Ils se réorganisent sur la rive sud de la Loire d’où ils continuent à bombarder Orléans. La ville est définitivement libérée le 19 août.
Sur les photos reproduites, les rues sont désertes et les maisons ne sont pas pavoisées. Le soulagement et la joie des Orléanais va se manifester rapidement après l’arrivée des Américains à l’Hôtel de ville et l’installation à la préfecture du Préfet Mars. Ils se retrouveront place du Martroi malgré les tirs de l’artillerie allemande.
Les hommages aux libérateurs
Après la guerre, des bornes mémorielles installées sur la Voie de la liberté matérialisent l’itinéraire de l’armée du Général Patton depuis Sainte Mère l’Église en Normandie jusqu’à Bastogne en Belgique. Cette voie passe plus au nord d’Orléans en Eure-et-Loir.
La ville d’Orléans a souhaité être intégrée dans la Voie de la Liberté. N’ayant pas obtenu un tracé vers Orléans, la ville décide toutefois de rendre hommage à ses libérateurs. Quatre stèles seront inaugurées le 16 août 1949, 5 ans jour pour jour après l’entrée des Américains dans la ville.
À proximité, une stèle en hommage à André Dessaux a été implantée le 2 mai 1948 à proximité de la médiathèque. Elle mentionne son rôle en tant que chef du Réseau Résistance Nord. Elle nous renvoie au rôle de la Résistance Intérieure dans la libération de la France et d’Orléans en particulier.
Les séquelles de la guerre vont marquer longtemps la vie des Orléanais. Le rationnement alimentaire va durer jusqu’en 1947 et les difficultés pour se loger vont conduire à la construction de cités de baraques et de logements provisoires qui seront encore visibles en 1960.
La commémoration de 2024
Quatre-vingt ans après sa libération, la ville d’Orléans a commémoré cet épisode de son histoire par des conférences et des panneaux d’information historique aux lieux les plus marquants du 16 août 1944.
Ainsi, un panneau a été installé devant la médiathèque Place Gambetta. Et enfin, un défilé de véhicules militaires américains a descendu la rue du fg Bannier le 16 août avant de stationner au pied de la statue de Jeanne d’Arc place du Martroi.
Les sources utilisées pour cet article
1944 : Orléans libérée – histoire-patrimoine - Orléans Métropole Archives Municipales et Métropolitaines d’Orléans
Quand la mémoire s’écrit, quand la mémoire se vit – 80ème Anniversaire libération d’Orléans – un évènement Mairie d’Orléans
Jacques Lacarrière – Un jardin pour mémoire, NIL éditions, 1999, Paris
https://www.ville-hettange-grande.com/culture-patrimoine/journees-du-patrimoine/bornes-de-la- liberte
rédaction Jean-Louis Charleux qui remercie sincèrement le personnel des Archives municipales pour leur aide