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Pollens et allergies

29 Juillet 2014, 16:16pm

Publié par Association Sceve

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capteur des pollens / bouleaux / graminées

les mesures de la qualité de l’air à Orléans sont faites dans le Quartier Dunois

 

Chaque année, à la même époque, à partir du printemps, nombreux sont ceux qui redoutent la récidive de leurs ennuis : Rhinite (écoulement nasal, éternuements en salves), conjonctivite irritante, larmoiements, toux incessante, brûlures de la gorge, voire vraies crises d’asthme invalidantes par leur répétition. Les sujets allergiques à ces micro-organismes redoutent le beau temps mais apprécient beaucoup la pluie qui « lave le temps ».

Cinq siècles avant notre ère, Hippocrate avait déjà observé qu’ « au printemps, les coryzas, les éternuements, les toux en grand nombre, surviennent…. ». Bostok en 1819 décrivait ce symptôme et lui donnait un nom Hay Fever (Fièvre des foins). Mais il aura fallu attendre 1873 pour que Charles Blackey identifie les pollens comme responsables de ces troubles et détermine leur implication dans les pollinoses.

 

L’implication des pollens

Les plantes ont deux modes de dispersion de leur pollen : les insectes ou le vent. Le succès de la dispersion par le vent étant plus aléatoire, les plantes anémophiles émettent une plus grande quantité de pollens que les plantes entomophiles qui sont pollénisées par les insectes.

La dissémination aéroportée des pollens est favorisée par leur taille (quelques microns[1]) et leur extrême légèreté. Le vent peut les reprendre sur des kilomètres et le soleil ou la chaleur aggrave leurs effets sur l’organisme. Plus un pollen est petit, plus il est léger, plus il restera longtemps dans l’air et plus il pourra pénétrer dans les voies respiratoires hautes.

Deux groupes de pollen sont en cause et apparaîtront au cours de la saison pollinique. Tout d’abord les pollens d’arbres :

- les cyprès en février-mars c’est-à-dire chez nous les Thuyas qui sont présents en gros bataillons dans le Loiret,

- les bouleaux, noisetiers et aulnes très présents en Sologne,

- les peupliers et les saules en mars,

- les chênes et les châtaigniers fermeront la marche en avril-mai.

A partir de cette date, le relais va être pris par les pollens d’herbes.

Les graminées (« herbes folles ») vont envahir en grand nombre notre environnement et pendant des mois. Leur nocivité allergique est fonction de leur grande dissémination aggravée par leur utilisation comme plantes ornementales (peu dispendieuses) dans les espaces verts (autoroutes, parcs publics, …).

En juillet-août viendra le temps des orties, de l’armoise et le spectre de l’ambroisie dont le pollen très agressif provoque de violentes crises d’asthme. Connue depuis 1870 et réapparue autour de l’aéroport de Lyon dans les années 60, cette plante s’est répandue dans le Sillon rhodanien et touche actuellement la région de Nevers.

 

Le Réseau National de Surveillance Aérobiologique

L’identification des pollens à une période donnée permet de rattacher un trouble récidivant chaque année à sa cause. On peut ainsi traiter plus spécifiquement et donc plus efficacement une sensibilisation de type pollinique.

Cette tâche a été dévolue au Laboratoire d’Aérobiologie de l’Institut Pasteur en 1985. Le relais a été pris en 1996 par le Réseau National de Surveillance Aérobiologique (RNSA).

Des capteurs de pollens ont été implantés sur tout le territoire national (y compris dans les DOM.TOM). Le capteur d’Orléans est installé en plein cœur de notre quartier Dunois sur une terrasse mise gracieusement à disposition par des voisins du médecin à la retraite qui a accepté de faire les relevés mensuels bénévolement.

 

Le matériel de prélèvement

L’appareil est installé sur une terrasse qui permet de réaliser des mesures de qualité en raison de sa hauteur au-dessus du sol et de son orientation tenant compte des vents dominants.

L’air ambiant est aspiré dans un capteur à raison de 10 litres à la minute (correspondant à la respiration humaine).Les particules piégées sont plaquées sur un ruban de gélatine appliqué sur un tambour qui tourne régulièrement sur une semaine.

Les données obtenues sont relevées chaque semaine par les médecins correspondant du RNSA. Elles sont analysées par un palynologue, espèce rare et très courtisée. Les résultats sont édités dans un bulletin hebdomadaire diffusé auprès des médecins des départements. Ceux-ci sont ainsi informés des vagues de pollens successives pendant 8 mois de février à octobre. Le site du RNSA permet aux particuliers de se tenir informés des risques sanitaires.

 

Les allergies aux pollens

A réception du message hebdomadaire, les médecins ont à prendre en compte deux paramètres : les grandes quantités de pollens mais aussi leur agressivité allergénique propre (allergénicité). Quelques grains de pollens de bouleaux ou de graminées peuvent semer le désordre dans les cabinets médicaux. A l’inverse, une profusion de pollens de pin, bien visibles sur les trottoirs par exemple ou sur les carrosseries des voitures est sans nocivité allergisante importante.

De surcroît, il existe des allergies dites « croisées » entre des espèces différentes de pollens voire de fruits. La plus connue est celle des allergies aux pollens de bouleau croisées avec des allergies aux pommes dont la consommation provoque des œdèmes spectaculaires du visage. Il y a peu de temps, la biologie moléculaire nous a appris la présence de protéines allergisantes voisines dans ces deux produits.

La pollution atmosphérique n’est pas à négliger car elle peut agir sur la structure biochimique extérieure des pollens et sur les muqueuses respiratoires de l’homme en modifiant leur sensibilité aux grains de pollens.

 

L’importance des allergies aux pollens

L’incidence de l’allergie aux pollens des plantes, des arbres ou des herbes n’est pas négligeable lorsqu’on sait que 30 % de la population française souffre d’allergies, que l’allergie aux pollens est la plus fréquente et que le nombre d’allergies croisées, alimentaires particulièrement, est en augmentation. Le poids des traitements curatifs et préventifs qui en résulte n’est pas sans retentir sur le budget de la Sécurité Sociale.

Le progrès de nos connaissances et la coordination de nos informations permettent d’améliorer ainsi le coût, l’efficacité et le suivi plus commode des traitements prescrits.

Le rôle des correspondants bénévoles locaux du RNSA est donc d’une certaine utilité publique et je suis toujours ravi d’être reconnu par un « Bonjour Monsieur l’aéro-palynologue ».

article rédigé par le Docteur Christian RIO

mise en page Jean-Louis Charleux

photos Jean-Louis Charleux

mai 2014

 

 

[1] μm pour les scientifiques

INFORMATION SUR LE RAEP – Ville D'ORLEANS
Édité le 30 mai 2014

                                        

 

DÉSIGNATION

QUANTITÉ

ÉVOLUTION

RAEP

Taxon dominant :

Graminées

194

+

3

Taxons secondaires :

Pin

145

-

0

 

Chêne

109

+

2

 

Oseille

28

+

0

 

TOTAUX POLLENS

618

+

 

Indice allergique : 3

 

                        *RAEP = Indice de Risque Allergique d'Exposition aux Pollens

 

                        5 : Très élevé     4 : Elevé      3 : Moyen   2 : Faible  1 : Très faible  0 : Nul

 

Commentaire : les pollens de graminées sont responsables d’un risque allergique moyen.

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